INFLUENCE  DE  L'EVOLUTION  DE  L'ENFANT

 SUR  SON  OUVERTURE  A  LA  VIE

   

Annick  ETIENNE
Orthophoniste
Sophrologue

Mars 1999


Evolution  de  l'enfant  à  travers  mon  expérience personnelle  et  mon  expérience  d'orthophoniste

 

Recul personnel par rapport à l'évolution d'un enfant

     ·      J'ai été une enfant
·      Je suis aînée de 20 cousins et cousines qui ont eux-mêmes actuellement une flopée d'enfants
·      Je suis aînée de trois frères et soeurs
·      J'ai gardé des enfants depuis l'âge de 13 ans
·      J'ai moi-même deux enfants, je fais de l'orthophonie depuis 26 ans avec des petits, des grands enfants et parfois de vieux enfants, et j'anime depuis 10 ans des groupes de sophrologie, entre autres, pour enfants.

Je m'octroie donc le droit d'avoir un avis sur l'évolution de l'enfant, avis qui n'est pas exactement celui qu'on apprend dans les livres, mais qui correspond à mes constatations quotidiennes.

Ce travail correspond, outre à des observations familiales, à une accumulation de notes prises sur le vif au cours, ou juste après des rééducations et que j'ai essayé de classer au mieux.

La population d'enfants observée est une population qui ne présente aucun trouble particulier ou bien des perturbations du langage et de la parole, de la voix, des dyslexies ou des dysorthographies. Une très petite minorité présente des troubles psychologiques donnant lieu à une prise en charge psychothérapeutique.

Au cours de cet exposé le terme d' "enfant" n'a aucune connotation masculine. Lorsque je ne le précise pas, les deux sexes sont concernés.


Evolution normale de l'enfant :

 

     ·      L'enfant dans le ventre de la mère est dans une fusion primitive dont nous ne savons pas grand-chose.
·      A la naissance la mère expulse l'enfant.
·      Après la naissance l'enfant découvre le : maman-tétée-plaisir-gâté dans lequel il renoue plus ou moins avec la fusion primitive bien que les temps de contact corporel soient plus limités que lorsqu'il était dans le ventre (tout au moins dans notre  société où l'enfant n'est pas toute la journée en contact étroit avec le corps maternel ce qui est le cas dans les sociétés africaines par exemple).
·      La relation intime mère-enfant se poursuit jusqu'à la marche et s'étire longtemps après: il y a donc une dépendance physique de l'enfant qui tend souvent les bras pour se faire porter, soit parce qu'il est fatigué, soit qu'il refuse de marcher.
·      L'enfant grandit et le besoin physique de l'aide maternelle s'atténue peu à peu. La mère s'occupe moins intensément de lui, et l'apprentissage de la propreté a été une période où le plaisir de l'enfant s'est trouvé en contradiction avec celui de la maman. C'est l'âge aussi où maman commence à empêcher bébé de faire des bêtises:  maman n'est plus toujours source de plaisir. Le rôle du père s'amplifie et l'enfant arrive à l'âge de la maternelle, il voit parfois arriver un petit frère. Bref le cordon ombilical s'étire jusqu'à se rompre.

On trouve généralement à cette époque, en moyenne 2 ans ½ - 3 ans, un sentiment d'insécurité se traduisant par des manifestations variées toujours dans l'idée du : "je veux ma maman pour moi tout seul, une maman comme je l'ai connue "avant"".

Quelles sont ces manifestations exprimant la contrariété ou l'angoisse de l'enfant de perdre à jamais la fusion avec la mère ? :

-     Des attitudes manifestant le désir clair de retourner dans le ventre :
Sophie a 3 ans 1/2, elle présente un retard de langage, elle est très bébé. Ce jour là, elle a un pull avec une petite dame brodée sur le devant; la jupe de la bonne femme est en dentelle rappliquée sur le tricot mais flottante en bas: Sophie est grognon, elle se met à sucer son pouce gauche, elle glisse deux doigts de sa main droite sous la jupe de la petite dame et ferme les yeux.
Le désir d'aller dormir avec la mère ou le substitut maternel lorsque la mère est absente est très fréquent et du même registre: l'enfant se glisse dans la chambre des parents et se met entre eux ou bien il vient dormir avec sa mère quand son père est absent: Marie 4 ans demande tous les soirs à sa mère d'avoir un lit plus grand, pour pouvoir l'accueillir et quand sa mère lui dit: "et papa alors ?", l'enfant répond: "Oh, ça fait rien, comme ça il aura un grand lit pour lui tout seul".
Christelle a 4 ans 1/2, elle essaye souvent d'aller dormir dans le lit des parents, devant leur refus, elle prend sa couette et elle va dormir en boule dans une cabane construite dans sa chambre, sa mère l'y retrouve toujours lorsqu'elle s'est heurtée au refus parental.
Alex verbalise ce désir : un jour qu'il marche prés de sa mère portant une gabardine très large, il se glisse sous le vêtement et le referme sur lui; puis il ressort le tête d'un air accablé: "dommage que je suis trop gros pour rentrer dans ton ventre".

  -     On constate également des régressions: au niveau du langage l'enfant bêtifie, reparle bébé, son articulation s'amollit, on ne le comprend plus; il accompagne son langage de gestes, ou il se contente de gesticuler.

-     On rencontre souvent aussi des régressions motrices:
La suppression brusque de la poussette, souvent vécue comme un prolongement des bras maternels, peut être vécue comme un sevrage brutal. L'enfant peut refuser de marcher et surtout refuser de monter des escaliers qu'il montait très bien quelque temps auparavant. Il veut constamment que maman le porte et il hurle refusant d'avancer quand elle refuse.

-     L'enfant refuse de participer à son habillage même lorsqu'il y participait activement depuis longtemps, il devient passif.

-     Il a du mal à se séparer de sa sucette, de son doudou ou de sa peluche favorite, comme il a du mal à se séparer de sa mère pour rester en milieu étranger (de sa mère ou du substitut maternel du moment) ce refus peut aller jusqu'à la crise de hurlement: Certains enfants pleurent tous les matins pour aller à la maternelle et cela pendant un an et plus. Ils refusent même, parfois, de rester seuls avec leur père ou leurs frères et soeurs.

-     La manifestation la plus courante de cette angoisse des 3 ans, est le refus de laisser la mère communiquer avec quelqu'un d'autre, quel qu'il soit. Dès que la mère parle avec une autre personne l'enfant se sent exclus, il interrompt la conversation sans arrêt. Il ne supporte pas que sa mère téléphone: il coupe la communication, fait du bruit, fait des bêtises. Dans le cas où la mère s'occupe plus particulièrement d'un frère ou d'une soeur, qu'il s'agisse d'un plus grand auquel on fait faire ses devoirs, que ce soit d'un plus petit, il fait tout son possible pour reporter l'attention de la mère sur lui; le comble étant bien sûr l'allaitement d'un nouveau venu: Alex 2 ans ½ jetait ses jouets du 10ème étage quand sa mère allaitait sa soeur. Des attitudes de jalousie graves peuvent se mettre en place: Sandra avait bourré la capote du landau de son cousin, étouffant le bébé parce que sa grand-mère  (substitut maternel) s'en occupait trop à son goût.
Le père est vécu, lui aussi, comme un intrus, avec, de la part de l'enfant, des comportements différents s'il s'agit d'un garçon ou d'une fille et différent surtout en fonction de leur caractère :
Muriel 4 ans refuse que son père l'accompagne à l'école ou chez l'orthophoniste. Elle ne veut que sa mère. Serge grimpe sur les genoux de sa mère et attrape son visage pour l'obliger à le regarder, si son père serre sa femme contre lui sur le canapé.

-     Ces manifestations d'angoisse de perte du ventre maternel peuvent prendre une allure de tyrannie et la mère peut se sentir étouffer par le comportement de l'enfant: les mères le verbalisent souvent en utilisant des mots ayant un rapport avec la dévoration:
"Cet enfant me bouffe"
"Il me mange toute mon énergie"
"Je n'en peux plus il me grignote toute le journée"

Le temps du paternage :

A partir de 2 ans 1/2 - 3 ans le rôle du père va donc être tout aussi fondamental que celui de la mère jusque là. Le père ou le substitut paternel, c'est à dire l'école ou les contacts extérieurs, va amener l'enfant vers le Monde. En fait ce rôle paternel a commencé depuis longtemps, il a été le moteur de l'autonomisation du tout petit, particulièrement au niveau de l'acquisition du langage: la maman comprend toujours plus ou moins l'enfant, elle traduit verbalement ses gestes, ses mimiques, mais le monde extérieur à la cellule maman-bébé ne comprend pas forcément et l'enfant, pour se faire entendre, est obligé de faire un effort.

La réussite du paternage dépend de 4 éléments fondamentaux:

1.   L'autonomie de la mère elle-même, qui doit accepter, sans serrement de coeur, que l'enfant grandisse, et qui doit, de ce fait, se réjouir de ses progrès.

2.   Une curiosité spontanée de l'enfant pour le monde extérieur et la communication: les biologistes disent qu'à leur naissance il existe des rats vifs et des rats mous, je pense, bien que ce ne soit pas "politiquement correct" de le dire, qu'il en est de même des petits d'hommes.

3.   Une présence paternelle stimulante. Le père, en effet, va devoir substituer peu à peu au plaisir du maternage, les attraits du monde extérieur. Il va faire découvrir la société à l'enfant avec sa rigueur, ses règles et ses interdits, mais aussi le plaisir de la découverte et de l'aventure. Il faut donc qu'il soit lui-même un individu autonome investissant le monde sans anxiété, ni appréhension excessive, un individu qui apparaisse à l'enfant comme un être fort, heureux de vivre, capable de le protéger: c'est l'âge du: "mon papa  il est gendarme, mon papa il est fort, plus fort que ton papa". Lorsque le père est absent de la vie de l'enfant, les personnages masculins qui l'entourent ont une importance accrue : les grands-pères, les oncles, les frères aînés ... L'univers scolaire peut être le seul pôle paternant de l'enfant, et il ne convient donc pas qu'il soit trop laxiste : l'école doit être chaleureuse mais pas maternante.

4.   Un contexte de vie suffisamment sécurisant pour que le Monde n'apparaisse pas comme un danger supplémentaire par rapport au quotidien; l'inconnu plus inquiétant encore que le connu. L'enfant doit vivre dans un univers détendu et paisible, où les conflits, les soucis ou les peines n'alourdissent pas trop l'ambiance familiale.

Normalement l'enfant sent une promotion pendant cette phase qui s'étire sur plusieurs années; il intéresse papa, il intéresse les grands: papy et mamy collectionnent ses dessins, on répond à ses questions, on s'extasie sur leur pertinence, on s'étonne de son nouveau vocabulaire:

Anna a 5 ans, elle marche avec son père dans la campagne. Tout à coup on entend un bruit violent. Le père qui est ingénieur commente pour lui-même: "tient c'est un avion qui a passé le mur du son".
- C'est quoi: le mur du son, demande Anna imaginant déjà le pauvre avion en bouillie avec ses occupants. Le père répond: "c'est trop compliqué, je t'expliquerai quand tu seras plus grande".
- Oui mais quand je serai plus grande tu auras oublié que je t'ai posé la question.
Alors le papa a trouvé des mots pour expliquer et Anna a commencé à s'intéresser à la physique et plus particulièrement au monde des sons.

L'enfant peu à peu ne veut plus être considéré comme un bébé: il veut être grand, il veut ressembler à maman, à sa grande soeur, à sa tante ou à sa maîtresse si c'est un fille (à quatre ans Marie se choisissait des robes de mariée dans les vitrines). Si c'est un garçon il veut être fort comme papa, comme son oncle ou bien il veut être "pchicrat" (psychiatre) comme le collègue de sa mère et il donne des consultations à toutes les poupées de sa soeur.
L'enfant a fréquemment un amoureux ou une amoureuse, parfois il en a plusieurs à la fois et le choix lui pose de "graves problèmes", il a parfois des déceptions amoureuses et si les chagrins sont de courte durée ils sont très intenses.


L'enfant commence à s'intéresser à la façon dont on l'habille: certaines filles ne veulent absolument pas mettre un pantalon et se pomponnent méticuleusement pour les anniversaires des copains.
Sur une photo personnelle prise dans ma salle de classe en moyenne section de maternelle je me vois relevant ma blouse pour montrer ma robe neuve.
Certains garçons, aussi, sont coquets, ils n'acceptent pas n'importe quelle coiffure et refusent certaines lunettes. Les enfants commencent à affirmer leurs goûts c'est-à-dire leur personnalité. Christine a 4 ans, ses parents sont amateurs de peinture et ils se sont aperçus que l'enfant raffolait de Renoir et détestait la peinture contemporaine, ce qui ne correspond pas au goût des parents.
Les enfants cherchent à plaire à d'autres qu'à leur mère et contestent parfois la façon dont elle s'habille:
"Maman, pourquoi tu mets jamais une robe" dit Gaëlle 5 ans.

L'apprentissage de la lecture et de l'écriture chez ces enfants se fait sans difficulté majeures: d'abord la vertu appétitive est là, et l'ensemble des prérequis également. Même lorsque l'enfant présente des tendances dyslexiques il  trouve des compensations qui font découvrir ses difficultés avec retard. Le paternage a aidé à l'éclosion de la personnalité et à la structuration du cerveau gauche: langage, logique, rigueur.


Quels sont les problèmes que posent la non résolution de cette angoisse de perte de l'état symbiotique avec la mère.

A-  Tout d'abord des séquelles de comportement 3 ans:

1. Le désir de dormir avec la mère reste très présent. Martine 7 ans se glisse toutes les nuits dans le lit des parents, sa mère la retrouve le matin agrippée à elle comme un petit singe. Christian 9 ans prétend avoir peur dans son lit et se retrouve régulièrement dans celui de sa soeur aînée qui lui a servi de mère de substitution. L'enfant profite de l'absence du père pour venir dormir dans le lit conjugal: Marie l'a fait systématiquement jusqu'à l'adolescence, elle en faisait autant d'ailleurs avec sa grand-mère pendant les vacances quand le grand-père était absent.
Lucie a 17 ans, son père a quitté la maison quand elle avait 2 ans, il n'y a plus jamais eu d'homme à la maison. Elle rejoint fréquemment sa mère dans son lit et se serre contre elle en lui disant qu'elle aimerait encore boire la tétée.

2. Au niveau de l'habillage l'enfant attend qu'on l'aide à s'habiller. En fait, il traîne indéfiniment jusqu'à ce que sa mère, agacée ou complice, finisse par intervenir. Il n'apprend pas à lacer ses souliers, il met ses vêtements à l'envers, ou le devant derrière; le schéma corporel se développe mal.

3. L'enfant aime rester dans une atmosphère douillette avec la mère: Corinne 8 ans n'aime pas quand son papa rentre le soir: la relation avec la mère s'interrompt, un air du dehors entre dans la maison avec ses complications et ses exigences.
Sidonie 27 ans, dont le père est commercial, raconte combien l'arrivée de celui-ci en fin de semaine perturbait le cocon dans lequel elle vivait avec sa mère et ses deux soeurs.
Julie 40 ans, raconte le problème que posait le séjour de son père à la maison, séjour pourtant très attendu puisqu'il naviguait 5 mois et revenait un mois à la maison. Avec le père revenait un minimum de règles de vie: il semblait accaparer la mère et garçons et filles en étaient indisposés au point de dire au père de retourner en mer au plus tôt.

4. L'enfant ne supporte donc pas que la mère ait une relation avec autrui : il interrompt les conversations sans arrêt et dérange quand la mère téléphone. Martin a 8 ans, c'est le 2ème de 4 enfants. Il n'y a pas de père. Il ne supporte pas que la mère ou le substitut maternel: institutrice, orthophoniste, s'occupe de quelqu'un d'autre que de lui: il fait alors les pires bêtises pour attirer l'attention. Lorsqu'il est seul avec la mère ou celle qui en tient lieu il n'est pas du tout tyrannique et devient même d'une étonnante docilité: il est tout entier dans le "faire plaisir". L'enfant se sent tout à fait exclu et malheureux quand les parents s'embrassent, d'autant plus qu'il n'ose généralement plus se mettre au milieu comme lorsqu'il était petit. Le père leur confisque leur mère et ça, ça ne va pas du tout.

5. On constate des attitudes de jalousie de plus en plus tyranniques:
Gaëlle 8 ans, n'accepte aucun homme dans la vie de sa mère qui l'élève seule depuis l'âge de 4 ans. Elle devient extrêmement agressive avec celle-ci dés qu'elle sent qu'un nouveau compagnon pourrait venir perturber leur intimité; ce qui ne l'empêche pas d'être assez agréable avec la personne en question qu'elle utilise comme un grand copain mais qui n'a pas intérêt à lui donner un ordre.

Thibault 11 ans ne supporte pas que sa mère sorte sans qu'il sache où elle va et avec qui. Il ne supporte même pas tellement qu'elle ait des activités en dehors de la vie familiale. Il essaie de la culpabiliser lorsqu'elle a été absente et qu'il a eu de mauvaises notes parce qu'il ne savait pas ses leçons: maman n'était pas là pour les lui faire réciter. Cette attitude n'est pas du tout un mimétisme par rapport aux autres hommes de la famille, ceux-ci n'ayant aucune attitude machiste.

Claudie 7 ans, aînée de 3 enfants, vient en rééducation pour des nodules sur les cordes vocales occasionnée d'une part par un souffle de stress permanent, d'autre part par une mauvaise écoute. Pendant la rééducation elle joue à la ferme, je lui donne une truie qui allaite 4 porcelets. Claudie fronce les sourcils en prenant la truie. Quelques minutes plus tard, Claudie joue avec la truie mais elle a éliminé 3 des porcelets.

6. Le refus de se séparer de la mère peut se poursuivre très tard. Ainsi Christine 9 ans, devant avoir des séances d'orthophonie de groupe, refuse de  quitter sa mère, puis se met à hurler lorsque sa mère la laisse, finissant par se mettre en foetus contre la porte en sanglotant et refusant tout travail avec moi.
Même lorsque cette angoisse de séparation s'atténue il peut rester une tristesse profonde de quitter la mère ou le substitut maternel: Jérôme 13 ans supplie sa soeur aînée (avec laquelle il a dormi jusqu'à ses neuf ans ...) de ne pas le quitter lors du bilan orthophonique: il se met en souffle de stress et démarre une crise d'asthme.

Ces enfants ont d'énormes difficultés à dormir en dehors de chez eux, dans la famille passe encore, mais chez un copain c'est autre chose, quand à la colonie de vacances, il ne faut pas y compter; à cette simple idée leur regard prend une expression de détresse.

7. Au niveau du langage on constate souvent une stagnation: des adolescents de 14 ou 15 ans peuvent présenter un niveau de langage de 6 ou 7 ans sans aucune explication d'ordre intellectuel. La compréhension du langage est souvent plus touchée que l'expression: la parole de l'autre, de l'étranger, n'est pas investie, elle est donc reçue comme à travers un molleton de protection. La plupart du temps l'enfant a besoin de se "brancher" avant de comprendre ce qu'on lui dit. Il est donc normal que le niveau de compréhension reste faible.

De plus, il n'y a aucune curiosité pour les mots nouveaux. Les enfants ne demandent jamais le sens d'un mot ou d'une expression qu'ils ne comprennent pas, leurs acquis sont donc limités quelque soit le milieu dans lequel ils vivent, d'autant plus qu'ils n'écoutent pas quand on leur explique le sens d'un mot. Il arrive fréquemment quand on essaye d'expliquer un terme difficile dans le courant d'une lecture que l'enfant poursuive son texte comme s'il nous disait: "cause toujours mon lapin tu m'intéresses".

 

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